lundi 7 décembre 2009

L'homme qui valait 700 milliards



C'est une histoire de crise
, de quasi-mort et de résurrection. Une saga américaine, forcément américaine.


Neel Kashkari est l'homme qui a géré le "bailout"(le plan de sauvetage) de 700 milliards de dollars durant la crise financière. Adjoint de Paulson (secrétaire d'Etat au Trésor de l'époque), il avait quitté un poste confortable chez Goldman Sachs pour travailler avec lui à Washington. Pour voir comment fonctionnait la machine gouvernementale de l'intérieur. Et boum, voilà qu'arrive la crise, les subprimes, les bourses qui dévissent, un monde de la finance sans boussole.

Et voici notre homme aux manettes. Pendant près d'un an, il est en première ligne, il dort à son bureau de 2h à 6 heures du matin, il audite, écoute, décide, mange. Il prend 10 kg, il ne voit plus sa femme.
Dans les journaux et les couloirs du Congrès, c'est l'homme à abattre. On l'appelle "le tsar du bailout", il est accusé de donner l'argent à ses amis banquiers, de toucher un pactole pour le profit de quelques-uns. Il a beau nier les accusations, dire qu'il ne touche qu'un salaire normal pour ce boulot, il est au coeur de la tempête. Il est branché 24h/24 sur la crise, il frôle le surmenage, caresse la dépression. Un de ses conseillers se retrouve à l'hôpital, crise cardiaque.

Et puis, le jour arrive où le plan est mis en place. Notre homme décide de tout arrêter. Il part, loue un chalet dans le Nord de la Californie. Il fait retraite. Cela fait huit mois qu'il est dans la forêt, avec sa femme et deux chiens. Il a construit de ses mains une cabine de 15 mètres carrés, il en est fier, et aussi de couper du bois chaque jour.

"Je me désintoxique de Washington", dit-il dans le Washington Post d'hier. Il a tout de même conservé son Blackberry. Mais il ne sonne plus qu'une fois par jour. Encore 3 kilos et il retrouvera son poids de forme. Quand il demande à sa femme s'il pourra retourner travailler un jour à Washington, elle hoche la tête avec une moue. Il n'est pas encore prêt.


Bon, je vous l'ai racontée rapidement, cette histoire. Je ne pense rien de cet homme que je ne connais pas, rien de son action. Ce qui m'a intéressé, c'est de voir sa réaction à la fin de la crise. Son désir de purification (le terme est de lui), dans la nature. Le retour à la nature, au tangible, au bois qu'on coupe.

Ce qui m'a passionné, c'est la manière dont un journal américain raconte son histoire sur deux pages. En allant le voir, en l'écoutant. Ce portrait trace en creux la façon dont la crise a été vécue de l'intérieur par un de ses principaux acteurs. Il dit avoir douté, en permanence, de la manière dont il a travaillé. Il raconte sa peur, chaque soir, de voir la Bourse poursuivre sa chute le lendemain. Il parle des cachets qu'il a pris pour dormir, de ceux qu'il engouffrait pour se réveiller.

Dérisoire, me direz-vous, par rapport aux victimes du capitalisme financier.

Peut-être. Mais, en attendant, ce papier est un foutu bon article.


Et la liste des "autres titres possibles"
- Un financier aux champs
- Into the wild
- Neel tout-puissant

(Maintenant à vous de jouer)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

si tu me le trouves traduit, je le lis ! ;-)

Il était une fois l'Homme ?

Montana a dit…

Vous prendrez bien encore un peu d'Affaire Louis Trio, m'sieur Yibus ? ;)

Homéo a dit…

tu peux nous mettre le lien vers l'article ou me le scanner pour que je puisse le lire ?

Yibus a dit…

@ Plume vive : le temps de le traduire, j'y passe deux ans de ma pauvre vie d'expat'...

@ Montana : oh que oui... Merci Louis

@ Homéo ; c'est fait, le lien est mis.

Homéo a dit…

Merci yibus...je file le ire ;)