mardi 29 avril 2008

Retour de flemme

Maintenant, ça y est, nous sommes rentrés de vacances. Vous l'avez senti voire vu, pas de billet depuis cinq jours. Le sas de décompression. Le temps de retrouver de l'énergie.
Ce billet va avoir l'odeur et la couleur de la mise en jambes. Pour le titre, j'hésitais avec "retour de flamme", tant je vais devoir trouver un second souffle...

Pas de scoop familial, la maison n'a pas brûlé, l'herbe a poussé. Aucun bouleversement, juste des projets à concrétiser. De l'écriture, principalement, qui me tiendra chaud pendant quinze jours voire plus si affinités.

Les retours de vacances sont toujours délicats, n'est-il pas ? Avant de venir à DC, je retrouvais les copains de la rédaction devant la machine à café, pour la pause déjeuner. Plus les interviews, le métro-lecture-vidéo. Le plaisir des conversations débridées.
Là, je suis à la maison, j'agrémente le quotidien de la douce routine des allers-retours à l'école, les courses, les blogs, Internet, la lecture des journaux. Et les amis qui passent.

Mais n'allons pas croire que tout est gris. Au contraire.
- Il fait beau
- Les fleurs de printemps sont plus éclatantes qu'à l'éclosion des cerisiers.
- J'ai quelques billets américains sous le coude.
- Deux livres passionnants à lire ("L'histoire des Américains" de Boorstin et "La mariée libérée" de Yehoshua)
- Des travaux d'écriture inédits.
- L'été approche et, ce faisant, les vacances en France.

Juste que la vie est un peu moins encadrée qu'avant, à prendre en mains.

Ça n'a rien à voir mais j'ai lu un excellent papier dans le Washington Post d'hier sur Philippe Petit. Le funambule, inconnu dans mon bataillon jusqu'alors, a marché sur un fil entre les deux tours du World Trade Center. C'était le 7 août 1974. Un cinéaste en a fait un film, "man on wire" qui sera projeté en août prochain au festival de Tribeca.

Le titre de l'article est beau : "Traversing the Towers in a moment of Joy". Dans ce papier de quasiment une page, Philippe Petit dit, entre autres choses :" quand je vois deux oranges, je jongle. Quand je vois deux tours, je marche."

C'est aussi simple que cela. Arrêté après son "coup" (l'expression est de lui) par la police, il est relâché dans la journée... Et félicité. Admiré par une foule d'inconnues. Même Nixon, qui démissionnera deux jours après le truc de Petit, est marqué : " j'espère avoir autant de publicité que ce Français". Une rock-star est née ?

Pas du tout. Philippe Petit, qui se dit "poète dans le ciel", n'a signé aucun contrat publicitaire, jamais gagné de droit à l'image. Il n'a fait aucun compromis, retournant à ses jongleries et marches sur le fil. Il continue de faire ses représentations dans les parcs (musique de Yann Tiersen).



La chanson du jour : Yann Tiersen et les Têtes raides interprètent "Ginette".



Et la liste "des endroits d'où j'aimerais voir le monde de haut"
- l'Everest
- Machu-Pichu
- un phare
- une montgolfière
- Ayers Rock (en Australie)
- une navette spatiale
(maintenant, à vous de jouer)

samedi 26 avril 2008

Carnet du NH et du Vermont

Quasi-fin du périple de quinze jours à travers les Etats de Nouvelle-Angleterre. Dernier carnet de route que j'ai eu plaisir à concocter.

Petit détail qui a son importance sur les coulisses de l'exploit. Chaque soir, dans une chambre d'hôtel, on met nos photos en commun sur la mémoire du Mac, madame et moi. Les images que chacun a pris durant la journée avec son appareil et son regard. On choisit pour nos archives persos et je me sers pour le blog.

Sa modestie dût-elle en souffrir, bien souvent, les meilleures photos sont d'elle... Les compliments pour la qualité des images lui sont donc destinés à 80%... La beauté des paysages et des constructions humaines de Nouvelle-Angleterre a fait le reste.

On finit donc par le NH et le Vermont. Je mets NH pour le New-Hampshire tant on a traversé en coup de vent, cet état.

Avant-goût avec un lac dans le Maine, à la limite du NH, qui attend encore le printemps...


Des ponts couverts (on comprend leur importance vu le froid et le vent et l'hiver qu'il y a ici)




Vues sur le Mont Washington qui culmine à 2000m...



Pour aller au sommet, empruntez les rails... On n'y monte que par train, une vieille loco qui reprend du service en mai.



Au pied du Mt Washington
, un moment d'histoire économique, avec l'hôtel -de luxe- où ont été signés les accords de Bretton Woods en 1944... Qui ont donné naissance au FMI et à la Banque mondiale.


Au coeur des "white mountains", où il restait encore de larges plaques de neige noircie, la "silver cascade" coule à plein débit... Merci la fonte des neiges.



Puis c'est le Vermont, (la "petite Suisse américaine"), ses fermes, ses granges rondes, vestiges des shakers, ses verts pâturages, son lac Champlain...




Figurez-vous que la capitale du Vermont s'appelle Montpelier... Petite ville avec un grand capitole brillantissime...


... Et son usine de glaces Ben & Jerry's
. La toute première du groupe, située dans le Vermont. Cette visite, c'était notre plan B car le musée où se trouve la grange ronde ci-dessus, ne rouvre qu'à mi-mai.

Je ne suis pas fana d'ice cream, mais la visite était plutôt bien menée entre décontraction, légende urbaine autour des deux babas fondateurs (reconstitution du camion historique utilisé pour faire connaître leurs glaces), et business bien arrangé autour de la marque (revendue à Unilever)... Un truc m'a frappé dans la queue pour acheter une glace aux enfants. Que d'obèses aux Etats-Unis !




Avant d'arriver dans le Connecticut où nous dormions hier soir, mise en boîte d'une église blanche du Vermont (un classique) et en face, une maison en bois, de guingois. Elle semble habitée.





Respiration entre deux portions de route avec la visite d'un petit musée, connu pour Grand'ma Moses (peintre naïve qui commença sa carrière à 70 ans, mourut à 101 ans et fit la Une de Time en 1951)... Il présente, entre autres, une exposition originale sur les objets domestiques détournés.

Une colonne de couvertures...


Sur chacune d'entre elle, une étiquette où le donateur raconte l'histoire de la couverture.


Des photos dans des bocaux...


Une horloge de bébés pleurant (qui doit marquer l'heure des biberons ou tétées)


Une statue entre les machines entassées...


De la verroterie bien colorée...



Et quelques jouets du temps passé.




La chanson du jour : les Beach Boys chantent "wouldn't it be nice ?"


Et la liste " des jouets de mon temps passé"
- un mécano (numéro 4 ou 5)
- des billes
- des soldats en plastique
- un playmobile Zorro et son fidèle destrier
(maintenant, à vous de jouer)

mercredi 23 avril 2008

Carnet du Maine

Deux jours entiers dans le Maine. J'avais entendu parler de Stephen King qui y avait sa maison, de Marguerite Yourcenar, visitée dans sa demeure par Bernard Pivot... C'est au nord, sauvage, froid souvent, de la brume, de la pluie. Et puis on y est. Il fait très beau, chaud par moments, et nous avons vu des restes de plaques de neige.

Difficile de décrire le paysage. Cela donne, vu de la voiture...

Beaucoup d'épineux, des marécages à foison, des criques, des côtes très découpées et l'Acadia park. Des millions de visiteurs durant l'été et aujourd'hui, allez, une cinquantaine de voitures sur la péninsule. Le calme, les odeurs de forêt, la brise de printemps...

Une journée extraordinaire qui nous faisait commenter -dans notre grande sagesse et du fin fond de notre expérience- que la maison de Mark Twain, la maison-musée d'Isabella ET la nature, tout ça c'est bien. Que la nature sans culture, on ne peut pas. Et vice-versa.

Bon, sur ces profondes pensées de 2h00 du matin et comme demain, on roule un bout à travers les montagnes pour rejoindre le Vermont, je vous la fais courte. On va organiser ça en tryptique ; les maisons, la pierre et l'eau.

Les maisons (et les phares, ça compte)









La pierre






L'eau (et les bateaux, ça compte aussi)






Et puis, durant notre tour de la péninsule,
madame indique que Marguerite Yourcenar est enterrée au cimetière de Somesville. C'est sur notre chemin. Pendant que les enfants dorment dans la voiture, nous partons à la recherche de sa pierre tombale. Une seule indication : c'est une pierre toute simple.

Au bout de vingt minutes de quête, je prends une photo de l'eau, me recule d'une dizaine de mètres, regarde autour par terre... Elle est là. A côté de la pierre de sa compagne, morte sept ans avant elle. Et à quelques mètres, coule toujours la rivière.




En arrivant au cimetière, le hasard du Ipod (dit "shuffle") jouait "Roads" de Portishead, bien plus que cela, mais qui fait quand même une excellente chanson du jour.


Et la liste "des choses que j'aime bien dans un cimetière"
- les cailloux multicolores près des tombes (à 8 ans)
- l'herbe entre les pierres tombales (cimetières anglais et américains)
- cyprès et arbres ombrageux
- les bancs en pierre pour s'asseoir et lire
- le silence
(maintenant, à vous de jouer)