mardi 19 octobre 2010

L'homme qui n'aimait pas être président


Je viens de lire un long reportage dans le Washington Post sur Jimmy Carter. Il est toujours passionnant de voir ce que font les hommes politiques qui se sont retirés du pouvoir... Enfin... Qui n'ont été élu qu'une seule fois... Et ont le grand malheur de survivre à cette défaite.

Vous pensez à Giscard D'Estaing ? Carter, qui a gouverné au même moment que le Français, est atteint de symptômes identiques. Sauf que, contrairement à VGE, il n'est pas entré à l'Académie française.

La vieillesse des présidents rejetés n'est qu'amertume, incompréhension envers le peuple (et la presse) sur le style : "j'ai raison, les autres ne sont que des cons, (il répète plusieurs fois l'expression "acting like asses"). Personne ne m'aime et ne le mérite. Na !!, pourrait-on l'entendre conclure, à 86 ans bien tassés.

Dans son dernier livre (son 26ème !!) où il publie les notes de son journal de bord durant sa présidence, il éparpille ses contemporains façon puzzle, hommes politiques en tête. Menachem Begin ? Un connard fini. Note écrite en mars 1979 : "je n'ai jamais été agréablement surpris par les Israéliens". Avant de se raviser dans le livre présent en écrivant qu'il avait "des regrets profonds de s'être aliéné beaucoup de juifs américains".

Ted Kennedy n'est pas épargné. Le sénateur qui s'est présenté contre Carter à la primaire de 1980, est accusé d'être un traitre de la cause démocrate. "Il n'avait qu'un but : faire perdre son camp lors des présidentielles."

On croit lire les mots doux de VGE envers le jeune loup Chirac. Enfin, envers presque tous ses contemporains.

En fait, Carter ne s'est jamais remis d'être un des présidents les moins aimés de l'histoire américaine. Accusé de faiblesse dans l'affaire des otages américains en Iran pendant la campagne présidentielle et d'un goût du détail très peu présidentiel, le Georgien, le gars du Sud, a bien conscience d'avoir été considéré de haut à Washington.

Désormais, il prêche le dimanche matin, dans une petite paroisse. Son prochain livre est constitué de ses sermons. Et le suivant sera une Bible qu'il entrecoupe de 225 commentaires.

En homme qui souhaiterait être apaisé, il reconnaît bien volontiers, comme l'avait prédit un de ses conseillers, qu'il "est beaucoup plus heureux d'être un ex-président que d'avoir été président".


Et la liste des "problèmes des présidents".
-L'impopularité (ah, le désir d'être aimé...)
-La victoire (ah, le plaisir de la campagne permanente...)

(Maintenant, à vous de jouer)

4 commentaires:

Nath a dit…

Les problemes des presidents ? Avoir ete l'amant de Diana, et que personne ne le croit... Avoir une justice qui a de la memoire... Devoir etre confronte a l'histoire... Ne plus avoir assez d'essence pour faire la route dans l'autre sens...

Sinon 225 commentaires, oh la chance!

Bises de dessous le palmier - Nath

AdA a dit…

Ted Kennedy n'a pas épargné Jimmy Carter dans ses mémoires non plus. Il a même été jusqu'à dire qu'il s'entendait bien mieux avec Reagan que Carter, et qu'il n'était pas fâché que Reagan ait été élu.
Et il a été dit en 1980 que les coups donnés par Kennedy dans sa campagne aux primaires ont été repris par Reagan. Donc, que Carter lui en veuille, c'est peut être normal, non ?

lapuce a dit…

Ah bon zut ... je suis trop fatiguée pour commenter ce billet-ci, mais puis-je me permettre un petit off-track?
J'adore comme le monde est petit, et la blogosphère encore plus, forcément : j'ai remarqué dans tes liens Didier G., que c'est le beau-frère d'une bloggeuse que je fréquente depuis 2 ans et que j'ai rencontrée plusieurs dans la "vraie vie" et qu'est devenue une amie ...
J'aime bien tomber sur des trucs comme ça ;-)

Yibus a dit…

Nath : quoi, 225 commentaires, mais où ça ? Ouais, difficile de faire la route dans l'autre sens... (Même si on n'est pas président).

AdA : tout à fait... Je trouve toujours étrange ces mémoires, ces livres de notes prises à chaud sur le moment publiées trente ans plus tard (même si je comprends le délai de "pudeur")... M'enfin, Carter a l'air d'avoir la dent dure envers tout le monde... Comme disait un certain François M... à propos de certains de son entourage : "imbécile".

Lapuce : oui, oui, j'ai vu la dite belle-soeur apparaître dans tes commentaires (qui fait d'ailleurs un magnifique sport-art martial cher à mon coeur)...
Quant à Didier, c'est une longue histoire, que je te conterai peut-être un jour.
A ce propos, nous venons à NY ce week-end faire notre dernière visite à la ville avant notre départ des USA dans neuf mois. Si tu as cinq minutes ?