mercredi 10 mars 2010

Les USA ont peur


J'ai fait un rêve, l'autre nuit. Un fort drôle de rêve. Ca doit être l'écriture de ce satané roman qui me pompe une énergie folle et laisse ainsi place nette, quand la loupiote qui me tient lieu de lampe de chevet s'éteint, à un inconscient très joueur.

J'y verrais bien aussi l'influence tardive du litre de Nescafé que je m'injecte matutinalement dans le gosier pour tenir la cadence trois heures durant. Je rêvais donc que Roger Gicquel, ou plus exactement son fantôme, le même que celui de "la France a peur" de 1977...

... Bref je rêvais que Roger était là, avec son beau costume tout en carreaux. Il me souriait, de toutes ses capacités. On sentait bien qu'il n'était pas en forme, le Roger. Et puis le décor s'est mis à bouger. Je me suis dit ; ça y est, mon Yibus, t'es foutu, te voilà reparti dans un avatar d'Alice au pays des merveilles (oui, je rêve pas mal en trois dimensions ces derniers temps).

Mais non... Point de lapin blanc, Roger était resté au premier plan, légèrement décalé sur la gauche, et derrière lui, les grosses lettres de TF1 étaient devenues un C, un N et un autre N. Et Roger commençait à parler. Mais au lieu de l'éditorial de cette "France qui a peur", il évoquait la fusillade qui venait d'avoir lieu. Aux Etats-Unis.

Sur un campus, dans un restaurant, je ne sais plus trop bien. Depuis que j'étais arrivé aux USA, il y avait bien eu une vingtaine de "massacres" comportant, au moins, cinq morts à la clé. Alors, vous pensez bien que je ne me souviens pas en détail du lieu et du jour de chacun d'entre eux. Ce serait absurde, voyons.

Bref, Roger parlait, avec son air de teckel de la SPA en quête d'adoption, il évoquait le sort des malheureuses victimes et la personnalité du tueur, un jeune de 15 ans qui avait prévenu toute la classe de son geste désespéré et qui avait emmagasiné, pour l'occasion, un attirail de guerre dans sa chambre au sous-sol du pavillon parental. Le CV des parents devait aussi être décortiqué mais j'avoue que j'ai arrêté de suivre lorsque le présentateur a précisé qu'ils avaient été arrêtés pour alcoolémie vingt ans plus tôt.

J'ai repris quand le nouveau Roger est passé aux choses sérieuses. Il a fait le point avec l'envoyée spéciale sur place, a laissé l'antenne à la proviseure du lycée, qui fondait en larmes devant tant de vies prématurément disparues. Au moment où le mot "dieu" fut prononcé, j'entrevis comme un flash. Il était question de prières, de cérémonie prévue le lendemain avec bougies et lettres, et des bouquets de roses (et des peluches aussi car la majorité des victimes étaient des adolescentes).

J'étais sûrement mal endormi car je n'ai pas entendu un seul mot pour questionner le port d'arme. Pas de psychologue invité pour parler du malaise des adolescents et du tour tragique qu'il pouvait prendre. Aucune statistique sur le nombre de morts par balle et par an aux Etats-Unis. Pas davantage sur le nombre de suicides d'adolescents. Je me suis réveillé.

Ma joue était humide. Je devais avoir pleuré. Sans doute le souvenir de ce journal de 1977, du visage de Roger Gicquel à l'origine d'une belle expression ("à le voir, on croirait qu'un avion vient de s'écraser sur ses pieds"). Je n'aurai plus jamais huit ans. Si, au moins, il m'était resté Yves Mourousi. Ou Raymond Barre. Ou les lunettes de René Tendron. Mais non. Je devrais désormais me coltiner des rêveries en solitaire.


Et la liste des "paysages de rêve".
- Venise, ses ruelles, et le cimetière marin.
- Pétra... Oui, vous savez, quand vous descendez vers le Deir, eh bien, à votre droite, juste avant les tombeaux taillés dans la roche, vous avez un escalier, également taillé dans la montagne. Il ne mène nulle part.
- Les Tours de Merle, en Corrèze, construites au 12ème siècle, telles qu'elles étaient avant, recouvertes d'arbres et quasi-invisibles (sauf aux yeux perspicaces des touristes qui descendaient de voiture).

(Maintenant, à vous de jouer)

5 commentaires:

Nath a dit…

Tes nuits sont plus belles que leurs jours...

Montana a dit…

Et donc pour illustrer ce billet en musique, un extrait du "beau voyage" de Boby Lapointe :

Ah oui le merveilleux voyage
Mer-merveilleux mais quel dommage
En Arles où sont les Alyscamps ?
Où sont-ils donc ?
Toujous pas dans les confiseries
J'en aurais pris quelques kilos
Et cent grammes pour ma soeur
Mais l'confiseur
Ce petit sot
M'a envoyé dans un cim'tière
Aboli
C'est du joli
Mais c'qui ya d'plus bête
C'est qu'mon beau-frère qui est poète
A parle de les mettre en vers
Des Alycamps verts, à quoi ça sert ?
Qu'en pensez-vous ?
Le monde est fou
Le monde est fou
Le monde est fou, fou, fou.

http://www.deezer.com/listen-2287941

Anonyme a dit…

chaud de commenter là dessous... surtout pour l'anti-infos que je suis, qui n'est au courant de rien du tout du tout...

paysage de rêve ? l'adriatique italienne, les plages magnifiques que l'on peut fouler par là bas...

Homéo a dit…

tu as lu ça
http://www.maitre-eolas.fr/post/2010/03/07/In-memoriam-Roger-Gicquel

sinon pour les armes....je crois qu'on pourra jamais comprendre la façon de fonctionner des américains sur ce sujet....

Yibus a dit…

Nath : tiens, le recueil complet des lettres amoureuses de Raphaëlle Billetdoux vient de paraître. Il semble que ce soit magnifique.

Montana : tiens, faudrait que j'essaie à nouveau d'écouter Bobby Lapointe (qui m'énervait, à un moment donné) ; ça changerait de B. Biolay.

Plume vive : quoi ? tu ne regardes pas le JT de TF1 ?

Homéo : je crois aussi. Deux cerveaux trop différents sur cette question.