vendredi 9 octobre 2009

L'épée Nobel de la paix


Là, pour être franc avec vous, ça m'est tombé dessus comme une météorite ce matin. Pas une grosse, hein, une de la taille d'un dé à coudre. Une sorte de grêlon avec du fer dedans. Eh bien, elle fait quand même mal à la caboche.

Lorsque j'ai repris mes esprits devant l'écran d'ordinateur, j'ai répété comme un vieil haïku tout usé : Obama, prix Nobel de la paix ! Non, il ne le méritait vraiment pas ça.

Mais qu'est-ce qu'il a fait, le pauvre ? Il a donné de l'espoir au monde, répond l'Académie suédoise. Avec des "yes we can", des accents de prêcheur, le discours de Philadelphie (où il parlait de sa condition de noir fils de blanche), une élection, un discours au Caire porteur de promesses, le sénateur qui apparaissait voici quatre ans à la primaire démocrate est devenu le libérateur du bushisme et le sauveur du monde... What else, dirait l'ami George ?

Mais vous ne pouviez pas le laisser tranquille, à la fin ? Peinard, à gérer ses problèmes intérieurs, à digérer la crise avant de s'attaquer aux problèmes du monde, qui sont accessoirement ceux des États-Unis ?

Hein, je vous parle à vous, les gens de l'Académie Nobel... Vous ne pouviez pas le lâcher un peu, je sais pas, moi, donner ce morceau de papier à Nicolas Hulot ou bien au photographe depuis les hélicoptères ? Bon d'accord, vous l'aviez déjà passé à Al Gore à cause de la terre qui chauffe.

Mais vous auriez pu choisir de ne pas choisir, de donner du temps au temps. Si on excepte les années de guerre, vous vous vous êtes abstenus neuf fois depuis 1901. Ça aurait eu de la gueule, hein, de faire une pause kit-kat cette année. D'envoyer une sorte de message silencieux aux gens du G20, genre : "on n'a choisi personne, hein, bougez-vous, on n'a pas que la crise à résoudre, il faudrait penser à faire le bien, un peu, un jour ou l'autre"...

Mais non, vous avez foncé dans le tas, vous vous êtes précipité dans l'évidence, vous avez récompensé le bon élève de la classe, en plus d'être populaire, le mec sympa... Si vous aviez voulu dégommer la présidence, vous ne vous y seriez pas pris autrement. Le Nobel est pavé de bonnes intentions.

Alors, bien sûr, comme d'habitude il a souri, Barack, il est poli, il a dit qu'il était honoré... Mais en son for intérieur (je le connais bien maintenant, je le vois tous les jours à la télé), il a dû penser... "C'est pas possible qu'ils me fassent ça, d'accord, je dis pas, dans cinq ans, après la réélection, mais pas maintenant... Je dois prendre des décisions importantes pour l'Afghanistan. Avec leur prix, ils me foutent la pression".

Parce qu'on a beau dire, ce prix, ce n'est pas de la gnognotte. Ce n'est pas le concours Eurovision où le gagnant est celui qui grimpe d'un barreau supplémentaire sur l'échelle dedans la déconnade.

Ce n'est ni le Nobel de littérature où on ignore la moitié des vainqueurs (non, je rigole... Je ne connaissais juste pas Dario Fo, Wislawa Symborska, Herta Müller et J.M.G. Le Clézio) ni le prix de physique ou de chimie où on a généralement trois gagnants (avec toujours un Américain placé)... Et je ne parle pas de la fameuse médaille Fields (l'équivalent du Nobel en maths) qu'on cite souvent en fin de repas pour dire que là, au moins, il y a des Français pour truster les breloques (quand tout est foutu, il reste les maths).

Non, le Prix Nobel de la paix, c'est du lourd. C'est un symbole. La preuve, vous, le jury, vous l'avez toujours attribué depuis 1972, la fin du Vietnam.

En étant pessimiste, on dira que le symbole, c'est comme les maths, c'est ce qui reste quand on n'a plus rien. Côté optimisme, c'est le prix d'honneur dont tout le monde se rappelle, la récompense des grands hommes qui ont fait un effort, des individus qui se sont opposés (Entrez ici, Lech Walesa, Nelson Mandela, Marthin Luther King et Aung San Suu Kyi) ou des présidents qui ont signé un accord de paix... Surtout s'il n'est pas appliqué. Une manière de mettre un coup de stabylo sur une action.

Mais là... Ce n'est plus le feutre ni un coup de flash qu'il se prend, Barack, c'est la rangée de projecteurs. Ce n'est plus du symbole qu'ils nous vendent, c'est de l'espoir. Vous vous rendez compte de l'infamie ? Donner un prix Nobel après neuf mois de présidence ? Ce serait comme me donner le Goncourt sur la seule qualité littéraire de cette chronique. Ça me flinguerait ma carrière. Je n'en veux pas. Mais j'en veux à Barack.

C'est juste pas possible d'incarner à ce point l'espoir. C'est odieux, immonde... Je sais pas, moi, on devrait déjà se mettre à faire chauffer les magnétoscopes pour trouver un petit miracle durant un meeting histoire de tenir informé Benoît pour une prochaine sanctification. Je suis sûr qu'il ferait une exception pour un non-catho.

Bravo, le jury Nobel, vous avez fait très fort ! En plus de l'auréole de saint, Barack va se promener une énorme et scintillante épée de Damoclès durant ses sommets internationaux. Une étiquette, du genre de celles salement scotchées dans votre dos et impossibles à enlever...

Décider que les USA doivent envoyer plus de troupes en Afghanistan ? Mais voyons, vous êtes PNDLP. Réfléchissez-y à douze fois.

Différer la fermeture de Guantanamo parce que c'est trop compliqué dans l'immédiat ? Mon cher, un PNDLP ne peut pas... Ou alors, il déchoit.

La presse américaine se posait depuis quelques semaines des questions sur la président, sur le cap de sa politique. D'accord, il y avait la réforme de la santé, lancée et défendue avec pas mal de constance. Mais il manquerait de colonne vertébrale, de cette capacité à supporter d'être impopulaire. Et paf, à la veille de devoir faire des choix difficiles, des vrais, voilà-t-y pas qu'il se prend un boulet de plusieurs quintaux en forme de parchemin. Difficile d'éviter la scoliose à ce régime-là.

Les Comics l'ont présenté en super-héros ultra-baraqué. Le PNDLP nous en fait un Atlas portant la terre.

J'espère juste que, contrairement aux culturistes dont les muscles s'affaissent très vite passé la cinquantaine, la bulle d'espoir ne crèvera pas trop vite. M'enfin, le bonhomme a l'air solide.


La chanson du jour : L'excellente et prémonitoire chanson du dimanche.




Et la liste "des qualités encombrantes de Barack Obama"
- Il a écrit deux livres (apparemment très bons)
- Il sait jouer au basket-ball (et a gagné, après avoir joué contre le frère de Michelle, un ancien pro, le droit d'épouser la belle)
- Il gagne "seulement" 460 000 dollars par an (mais le PNDLP lui rapportera un million d'euros)

(Maintenant, à vous de jouer)

9 commentaires:

Nath a dit…

Alors moi je ris, depuis ce matin d'imaginer la tete de notre president Francais ! Je suis une sale gosse...

Tout a fait d'accord avec toi, va falloir assurer, pauvre Barack... Je vais lui apporter un clafoutis tiens pour le rasserener, l'en a bien besoin...
Bises - Nath
Ah oui une qualite... emmerder Sarko ?

Homéo a dit…

Oh la chanson du dimanche un régal ;)

Je note que tu le vois tous les jours à la TV Barack, ça veut dire que tu vas à la salle de sport toi aussi ?

ariana lamento a dit…

je peux pas dire que je sois toujours d'accord avec Anonyme...

Phoebe a dit…

Qualité encombrante : il est beau (en plus !)

(je ne suis qu'une faible femme, scusez)

Anonyme a dit…

j'aime beaucoup les oeuvres de la chanson du dimanche, bourrées d'humour...

Barack, ben il est franchement avenant aussi, ça a l'air d'être un gars sympa...

tu sais quoi Yibus ? j'aime bien quand tu t'énerves un peu, ça donne une couleur bien agréable à tes articles ;-)

helen. a dit…

Il est beau grand et un déhanché dont notre Nicolas doit être jaloux (encore!)

Flo a dit…

Bien d'accord avec HeJa sur le dehanche...

Yibus a dit…

@ Nath in DC : clafoutis aux cerises OGM, s'il te plaît ...

@ Homéo : euh, non... C'était pas là... A la télé, la vraie, celle qui passe des matchs de basket et de hockey.

@ Ariana : je sens que je vais réactivé les mots à compléter pour poster un commentaire.

@ Phoebe : tu es pardonnée aux trois-quarts alors... Michelle est bien, aussi.

@ Plume vive : je vais me réénerver, alors, voir les choses en rouge carmin dès le matin.

@ Héjà : toujours jaloux, le Nicolas... Sauf de son fils, encore plus doué que lui.

@ Flo : eh bien moi aussi, si c'est comme ça. (Je viens de voir une vidéo d'Ellen avec la fille Bush, très naturelle, la jeune mariée).

Homéo a dit…

si tu allais à la slle de sport Yibus tu verrais en même temps les chaines sportives et Barack sur les principales chaines de TV.... j'ai un mur entier de toutes les chaines allumées quand je work out (cadeau pour miss Ariana !)