jeudi 22 octobre 2009

Compte de Noël


Halloween
est quasiment derrière nous et la dinde de Thanksgiving en voie d'être farcie. Pour combler le risque d'ennui inhérent à ce tourbillon festif incessant, nous voici donc entamant la dernière ligne droite de Noël.

Ainsi va la vie aux Amériques, terre où les fêtes et la tradition sont suivies de monstrueuses périodes de soldes.


Sur mon agenda mondain, s'il est un événement que je ne manque pour rien au monde, c'est bien la sélection du sapin de Noël de la Maison blanche. Depuis 1966, La très sérieuse Christmas tree association choisit avec doigté l'arbre qui ornera la "blue room" présidentielle durant les fêtes. Inutile de vous dire que les paris sont serrés et que les éleveurs de sapins sont sur les dents jusqu'à l'ultime décision qui vient d'être rendue.

Car leur bébé désigné et c'est la gloire éternelle... En tout cas, pour un an. Pensez donc, toutes les photos officielles de Noël se font au pied de l'élu. (Peut-être même que par une froide nuit de décembre, Bo, le chien de la famille Obama, viendra déposer son obole liquide à ses pieds).

Mais pour arriver à ses fins, le champion a dû accomplir un véritable parcours du combattant : remporter les sélections régionales puis la grande compétition qui l'oppose à des sapins issus de 25 autres États. Pourquoi seulement 25 ? J'imagine que l'Arizona -pour prendre l'exemple le plus farfelu- produit peu de sapins ou alors des bien plus piquants.

Sans vous faire languir davantage sur l'identité du vainqueur, sachez que vous tenez là un grand parmi les grands. Il n'est qu'à voir son port illustre, son plumage garni, la franche camaraderie de ses branches, dont pas une ne fait d'ombre à l'autre...


On voit bien à l'oeuvre dame nature américaine, quand elle est domptée par l'homme, sublimée par la main du cultivateur amoureux de la belle ouvrage. C'est le géant vert, le cône absolu. Une manière de perfection faite arbre avant sa récupération mercantile dans des artefacts de mauvais goût d'origine allemande.


Et les artisans de ce joyau qui sera amené fin novembre par camion spécial vers la Maison blanche, me direz-vous ? Qui sont-ils ces magiciens aux ciseaux d'argent ?


Eh bien, ce sont deux gens humbles.
Eric et Gloria Sundback, respectivement 82 ans et 83 ans sous le harnais, ont dédié leur vie à l'arbre sacré. D'abord à Washington DC où ils ouvrent une boutique dans les années 50, puis en Pennsylvanie où ils cultivent leurs propres sapins. Ils possèdent aujourd'hui une centaine d'hectares en Virginie occidentale et ce sont les empereurs du sapin présidentiel, toujours imités, jamais égalés. Les Michel-Ange du Douglas et du Fraser (les espèces victorieuses).

Pour ceux qui douteraient encore de leur excellence, un seul chiffre. En 43 ans de concours, seuls 7 exploitations ont fourni deux sapins à la Maison blanche. Eux, ils ont gagné QUATRE fois.


Le secret de leur réussite ? "Durant notre carrière, nous avons fait plus de 70 000 miles pour recueillir les meilleures graines dans les montagnes, du Canada jusqu'au Mexique", dit le vieux monsieur au Washington Post. "C'est comme si nous cherchions de l'or".

Le reste, ce n'est que de l'amour, de la patience et un savoir-faire immémorial. Les Sundback consignent tout dans des classeurs à trois anneaux : le lieu et l'année où ils ont trouvé la graine et sa place dans le verger. Ils visitent chaque arbre huit fois l'an, les fertilisent, les tondent, les irriguent et, bien sûr, les taillent.


Surtout, ils taillent à la main. L'objectif est de produire un arbre élancé où "les branches sont bien droites devant, comme au garde-à-vous" (Washington Post). Pas ces zombies étiques aux branches pendouillantes.

Le sapin, c'est leur vie. Alors, même si les Sundback croyaient que leur temps était révolu, leur œil acéré avait remarqué qu'un petit promettait. En août dernier, le sapin encore tout jeune -2,40 mètres sous la toise-, a remporté haut l'aiguille un concours régional. Avec la suite royale que vous connaissez. Désormais deux fois plus grand, il devra être raccourci de 15 centimètres pour intégrer la "blue room".

Eric Sundback a un mot délicieux en regardant son verger : "tous les sapins ne veulent pas être un sapin de Noël".


Ca n'a aucun rapport mais vous vous êtes déjà mis dans la tête d'un sapin de Noël en colère ? (Attention, bande-annonce garantie avec du faux sang rouge vif).



Remarquez, on les comprend, quand on voit les agressions dont ils font l'objet 24h/24.



La chanson du jour : "Christmas eve/Sarajevo" par le Trans-Siberia orchestra, un truc très bizarre, avec des violons, un manoir, une blonde en déshabillé et un piano sous une neige artificielle.



Et la liste des "chiffres des sapins de Noël"
- 70% des sapins achetés aux Etats-Unis sont artificiels.
- Une trentaine de boules de Noël sur notre sapin.
- Aucune étoile au sommet de l'arbre.

(Maintenant à vous de jouer)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

et la guitare ! t'as oublié la guitare ! j'aime beaucoup ces mélanges de musique classique avec les instruments électriques, c'est juste énorme (enfin, j'ai vraiment apprécié ton extrait, lequel m'a en plus rappelé les chatons que j'ai sous mon aile maintenant)

alors...

- 10 décembre, date à laquelle notre sapin est acheté, puis décoré quelques jours plus tard

- 5 cadeaux maximum par enfant sous le sapin, règle intangible

- une foultitude de décorations, trop pour être décomptées...

Yibus a dit…

@ plume vive : c'est vrai, j'oublie toujours la guitare (et cela me démange). Bonjour aux chatons.