dimanche 15 mars 2009

Suivez le guide !

Dans la famille, la littéraire, c'est madame. C'est elle qui dévore, dépiaute et corne les guides de voyage pour en extraire la substantifique moelle touristique. Moi, je conduis.

Le partage des rôles s'est fait au fil des kilomètres. Elle prépare les voyages, m'en parle, j'acquiesce (tout le temps), on réserve les hôtels (ensemble), elle s'occupe des valises, je découvre le trajet, elle co-pilote (carte sur les genoux, bien que nous ayons un GPS), je remplis le réservoir d'essence et pendant que les enfants regardent des DVD sur leur lecteur portable, nous parlons, échangeons, commentons le paysage qui défile, on revient sur l'hôtel de la veille, je me dis que d'ici deux ans et demi (notre date de départ des États-Unis, je l'écris pour éviter d'en souffrir à l'avance), j'aurai oublié à quelle chambre de Super 8 motel correspondait cette ville, et ce sera bien comme ça.

Cette phrase (la plus longue, sans doute, depuis les débuts du blog) pour préciser que je viens de commencer "A la Recherche du temps perdu" (jamais je n'avais attendu une commande avec une telle impatience juvénile) et compte bien passer quelques mois en sa compagnie. (Mais les 50 premières pages, déjà, pfff, quel génie sensible).

Bon, tout ça pour dire que, depuis notre installation ici, madame a eu le nez creux en matière de visites. Elle consulte le guide américain ET le guide français pour choisir. Toutes nos vacances furent des réussites sans nom (merci bien). D'ailleurs, qu'est-ce qu'un échec en vacances ? Nous n'en connûmes point.

Cependant, le week-end dernier, nous échouâmes à Middleburg, un des plus jolis villages de la Virginie, coté 3 étoiles dans le Frommer's, guide américain pourtant respectable.

En fait de beauté, le village, créé autour des années 1735, se limite à deux rues. Ce qui en fait l'intérêt, ce sont les boutiques tournées autour du cheval et du renard. La bonne société y pratiquait la chasse à courre, Jackie Kennedy y est venue, tous les oripeaux des gentlemen farmers sont disponibles dans des vitrines rétro, ça doit être cela, le bonheur d'être américain au 21ème siècle.

La maréchaussée locale


Devant la boucherie


Le cimetière


L'office de tourisme


Derrière la rue principale



Je sais, je suis français, ayant barboté dans les fonts baptismaux des églises romanes, appris les subtilités de la lumière dans les tableaux de Georges-de-la-Tour, les particularités locales dans les mélodies de Tino Rossi et les rapports amoureux avec François Truffaut.

On pourrait dire que je regarde du haut de notre histoire plurimillénaire (au moins) la folle jeunesse des bâtisses américaines. Sauf que là, non. Avec un œil -souvent- amusé, je suis toujours surpris du goût d'ici pour les reconstitutions historiques, la mise en avant de l'histoire en image. Et durant nos balades, je m'interroge de plus en plus fréquemment sur les liens qui unissent les Américains, leur sentiment d'appartenir à une nation, ce qui les associe à quelque chose de plus grand qu'eux. Sur ce qui fait communauté. Et j'ai alors envie d'aller voir comment se passent les choses dans un autre pays. Avant de revenir en France.

A propos de clichés, j'aime bien cette pub.



La chanson du jour : Berry chante "demain" (joli, l'appartement).


Et la liste des "villes comme dans un rêve".
- Venise (l'eau, les pierres, les bateaux).
- New York (les verticales, la fumée, l'Hudson).
- Paris (les circonvolutions des rues, les odeurs, les cafés).

(Maintenant, à vous de jouer)

6 commentaires:

Arty a dit…

Florence et ses lumières si particulières à la Toscane...

(Madame elle ne voudrait pas par hasard organiser mon séjour aux States pour cet été ? Je serais plus rassurée... :)

Anonyme a dit…

Montbéliard et sa chaleur de ville natale...

Je m'aperçois qu'il existe trop de livres à lire sur cette terre pour une seule vie.

Proust, oui, quelques mois, c'est je pense le temps minimum...

nathinphoenix a dit…

Londres et son fog, Pekin et son theatre no, Hende au son du reveil du poulailler...

Bon ben faudra que madame ouvre le guide a A comme Arizona, et qu'elle n'oublie surtout pas Phoenix dans le meme etat !

Bye bye - Nathisback

Homéo a dit…

le grand marché de la Croix Rousse le mardi matin ....
Quand tu écris "Toutes nos vacances furent des réussites sans nom" je comprends mieux pourquoi vous n'êtes pas venus jusqu'à Atlanta ! :)

ariana lamento a dit…

NY à 3 heures du mat.

Florence en plein cagnard.

Paris, seul.

Yibus a dit…

@ arty : oh Florence, heureuse ville ou j'ai eu un joli Zona (mais belle, par ailleurs...). Pas de souci, dis-nous par où tu veux passer et si tu viens à DC pendant notre absence, on te laisse la clé.

@ Plumevive : ça devrait se faire en trois mois selon un régime draconien : Proust le soir, écrire le matin. Et oups.

@ nathinphoenix : eh eh, le sud-ouest des USA, c'est prévu sur un long trip...
C'est quoi et où Hende ?

@ homéo : rhô, y'a ma boisson préférée à Atlanta, alors ce sera(it) une réussite.

@ ariana : ouaip (sauf le cagnard).