Ça devait arriver. Je m'y attendais. A défaut de m'y préparer, je savais que j'allais douiller sévère. Quand ce serait terminé. Et voilà. J'y suis, en plein dans la mouise, dans le pot-au-noir de l'existence.
Après la pression de la lutte épique du bien contre le mal, la dépression qui suit la victoire d'Obama n'est pas facile à digérer. C'était il y a un souffle, trois semaines, une éternité.
J'ai conservé, au chaud, tout près de moi, l'affiche qui fit les beaux jours des jardins washingtoniens. Imaginez, ces étendues vertes d'herbe molle coupée à 1,5cm surmontées des cinq lettres de l'espoir. Eh bien, maintenant, de guingois sur le mur de briques blanches comme aux heures les plus dures des primaires, la ligne bleue de l'horizon obamesque m'arrache de longs soupirs.
Chaque jour, je la contemple avec un serrement de cœur. Je pense à ces heures joyeuses ou nous vaudouisions la poupée Hillary, guettions comme l'hostie dominicale l'imitation télévisée de Soeur Sarah-des-ours-couchés. Où nous nous avachissions goinfrés de whisky et de beurre de cacahouète devant les débats présidentiels. Les jours heureux où j'apprenais aux enfants durant des heures, de jour comme de nuit, la carte d'une Amérique toute de bleue vêtue. Où nous refaisions la carte électorale des États en ballotage.
D'ailleurs, c'est bien simple, nous avons banni le rouge républicain de notre maison. Depuis un an. Tout juste. Radical mais indispensable. Pour la bonne cause, Jojo, notre charmant poisson rouge fut asphyxié et remplacé par le lézard Robert. Je déchirais les protège-cahiers rubiconds des enfants, cutterisais les habits de ma femme, offrais ses rubis aux œuvres, vidais nos grands crus du Médoc. Et je suis allé jusqu'à jeter mon exemplaire numéroté et dédicacé du petit livre de cette couleur désormais honnie offert lors d'un séjour à Shanghaï par la -fort- jolie interprète chinoise.
Et maintenant, que vais-je faire ? Je suis malade, complètement malade, j'ai besoin d'une belle histoire, d'un roman, de personnages attachants et qui s'aiment. Pour une fois que j'en avais dans la vraie vie...
C'était il y a une éternité, trois semaines, un souffle.
Et je ne suis pas le seul dans ce cas. Voyez plutôt.
La chanson du jour : invitée dans le Muppet Show, miss Moreno chante -enfin, essaie- "Fever".
Et la liste des "petites dépressions saisonales"
- Lorsque l'école est finie.
- Lorsque le dimanche soir est en cours.
- Lorsque je suis dans un endroit merveilleux.
(maintenant, à vous de jouer).
31 commentaires:
les fêtes de fin d'années et la rentrée sont mes saisons de depression favorites !
Je te suggère de porter désormais toute ton attention sur les aventures du parti socialiste en France. Tu verras c'est passionnant ! A côté Dynastie c'est du pipi de chat !
J'oubliais...
Encore un mot : Courage !
You will survive and "Yes you can !"
- Chaque dimanche soir de mon enfance, quand résonnait la musique du "Masque et la Plume" et que je n'avais pas encore fini mes devoirs pour le lendemain
-L'approche de mon anniv (renforcée de plus belle par l'arrivée de l'automne)
-L'approche de Noel, quand tout le monde semble heureux, alors qu'en fait, y'a aucune raison de l'être...
- Et aussi quand j'étais gosse, chaque 21 juin, alors que je n'étais même pas encore en vacances et que mon père disait pourtant : "à partir de demain, les journées raccourcissent"... (grumpf!!)
et bien moi chaque cas est réuni environ une fois par semaine c'est l'avantage...
Moi je trouve qu'il y a de quoi s'occuper avec toutes les personnes qu'il doit nommer pour son gouvernement. Ecouter leurs biographies par Amy Goodman le matin, ca promet des moments interessants, ou pas.
La campagne me manque, aussi, cher Yibus, mais dans un sens, je suis contente que ce soit fini, parce que ca me prenait trop de temps et d'energie. Avec les fetes qui arrivent, j'ai besoin d'un peu de repit. Tu peux toujours aller sur le site du president-elect pour te redonner une petite dose d'Obama -mania. Je suis tellement contente, tellement soulagee, qu'il ait ete elu!!!
le 31 décembre et les anniversaires, surtout le mien. Déprime assurée.
Si tu t'ennuies, on peut t'envoyer notre président, il nous agace, il nous agace !
hééé, j'suis malade aussi ! (mais rien à voir avec obama.. enfin, j'crois).
bon alors les petites dépressions saisonnières :
- lorsque je termine un bouquin qui m'a beaucoup plu, et que je dois me séparer des personnages.
- le dimanche ça me le fait aussi. personne n'aime le dimanche après-midi.
- pareil que Fab-Fab : quand j'avais un délai pour rendre une dissert ou autre, et que je ne m'y mettais que la veille au soir. gros moment de déprime, seule face à la copie, en train de me maudire.
- lorsque je suis obligée d'allumer la lumière à 15h.
- l'après-fêtes de fin d'année, quand tu as pris 2 kilos et que les vacances sont terminées.
ouaip, j'ai tout pompé sur les autres comm's.
@Fab-Fab : ton âge te fait déprimer ?
La première semaine de janvier... quand les fêtes sont passées, et que toutes les bonnes résolutions que l'on avait prévues s'envolent en fumée...
Chaque rentrée scolaire des mes enfants...
C'est marrant, "saisonale", je l'aurais écrit avec deux "n"... ?
Tres etrange cet espece de no man's land entre le 4/11 et le 22/01, on ne sait pas trop ou on va. Moi non plus, je n'aime pas ca!
Et les depressions Floridiennes:
- quand il pleut 2 jours de suite
- quand il fait froid 2 jours de suite
- quand, lors de la 10eme panne de l'annee, et qu'apres l'avoir relance 10 fois aussi pour lui arracher un RV, le reparateur de clim t'annonce, 10 min avant sa venue, que finalement il viendra demain. Ca marche avec le plombier, le jardinier, le gars qui repare les fenetres... Je te laisse decliner!
Rouge républicain
Bleu démocrate
J'ai un peu de mal à m'y faire. Déjà que je suis daltonien!
@ arty : of course, qu'on va survivre (enfin, on va essayer en milieu américain, ce qui est conséquent, comme effort..)
@ fab-fab : allez, une petite joie quand même. Te retrouver à Washington, au milieu de gens aimants ET drôles début janvier. C'est Top-moumoute, ça, non ?
@ paris 19 : t'en as de la chance. Tiens, je t'envies, moi maintenant, c'est con !
@ mimi à houston : je compte le nombre de femmes dans son gouvernement et de moustachus (m'en vais faire un billet, tiens).
@ Flo : c'est vrai, c'était de la tension permanente, à guetter dix fois par jour le mot qui tue, le chausse-trappe, à espérer, à craindre. Maintenant, c'est cet entre-deux qui est étrange (même pour les constructeurs automobiles qui voudraient leur bailout).
@ la mère castor : oh, c'est pas mal le coup du "mieux vaut le temps partiel que le chômage total". C'est joli, ça sonne bien.
@ Pyrrha-na : pour les bouquins, pas mieux que toi, même aussi pire. C'est horrible, je retarde le moment de finir... Et c'est la vie.
(comme tes comm's, on attend toujours le suivant, dit-il les yeux en l'air).
@ plume vive : c'est marrant, ça s'écrit en effet avec deux "n"... En allemand, avec un "n". Autant mes anniv's, pas de problème, autant la rentrée, petit pincement.
@ mary : ah la maintenance aux Etats-Unis, un poème surréaliste, un collage de choux et de broc, portenawak...
@ les pitous : n'y pense plus, concentre-toi plutôt sur le bleu de l'UMP... On risque de le voir pour très très très très très très très longtemps.
@Yibus : attends, attends qu'est-ce que je dois comprendre, hein ?
"on attend toujours ton prochain comm" (à moi, sous-entendu : tes comm's sont trop cools)... ou alors "on attend toujours le comm après le tien" (sous-entendu : si tu pouvais éviter de faire des comm's pour ne rien dire, ou trop longs etc.)
alors ?
non parce que je peux me vexer. ou enfler, au choix. ou alors aller me coucher (j'vous le dis tout net : la grippe est arrivée en France)...
ps : moi j'ai pas assez de volonté pour retarder le moment fatidique : quand un bouquin me plaît, je le lis d'une seule traite, quitte à ne pas dormir du tout... et donc après, je déprime (la fatigue n'arrangeant pas les choses). :)
c'est bête de mettre un post scriptum dans un comm, non ?
@ Pyrrha-na : oups, I did it again... J'ai confondu comm' et billet...
Ca m'arrive souvent de confondre deux mots, genre "parking" et "camping". Ou bien je dis, "on va manger une pizzéria"...
Bref, ni gonflage de cheville ni déprime à l'horizon pyrrha-nien. juste une supplique de la part d'un lecteur attentionné.
purée mais y'a que des français sur ce blog et vas'y que je m'étends sur mes petites dépression et bla bla bla mais y'a personne qui commente sur le magnifique reportage des dépréssifs américains ni sur la splendide représentation du Muppet show !!
magnifique chanson qui donne envie ....de se déshabiller y'a bien qu'une marionnette à poils longs pour trouver moyen de tout foutre en l'air!
Allez Yibus on fait pas le Français on relève la tête et on cherche encore pourquoi on ne peux pas gaver un poulet!
(signé homéo en pleine forme maintenant que comcast a réparé la connection, you know what, I'm happy! booh!)
@ homéo : ouah la pêche ! pour paraphraser les copains de la chanson du dimanche. A propos de manche, on ne peut pas gaver les poulets, parce qu'ils n'ont pas de gosier ? (oh yeah)
Pour la chanson, c'est un bon souvenir que ces bizarreries du Muppet show, à mille lieues des représentations qui roulaient bien des autres variétés. Là, ça partait dans tous les sens et j'aimais déjà bien ce mélange de poils de tous genre (note pour yibus : faudra mettre un jour "déshabillez-moi"...).
non yibus si le poulet a un gosier et un foie yibus mais on ne peut pas le gaver .... cherche encore !(voix en mode jeu playschool)
ceux qui savent ne lui disent rien bien sûr ;) il va y arriver seul, et on lui dira tous Good job !
@ Yibs : oooh que si, mon bon monsieur, c'est trop top moumoutte! Ca semblait lointain jusque là, mais présentement je commence à réaliser, et à m'impatienter (sorte de fuite en avant vers la carotte, car besoin de dépaysement, et aussi, ce sera toujours une bonne partie de la saison moisie qui sera passée).
@ Pyrrha-Na : c'est pô mon âge qui me fait déprimer (quoique?), mais plutôt ma prise d'âge... et le fait de réaliser tout ce que je n'ai pas encore fait et que j'aurais dû (ou aimé faire), et qu'à force, le temps passe et ça devient trop tard... Enfin, l'impression de pas optimiser ses 20 ans quoi... je sais pas si je me fais comprendre...
J'adore cette version de FEVER, merci !
Le pire, c'est quand même le dimanche à partir de 17-18h ...
Le début de l'hiver est aussi un cap difficile à passer, genre à partir du changement d'heure, quand il commence à faire nuit le matin quand tu pars et le soir quand tu rentres ...
et bien ça fait 3 jours que je cherche ce qui me déprime et je ne trouve pas...
Et personne ne parle de ce malheureux poisson rouge... j'en suis toute déprimée.
@ Yibus : une supplique ? waouhhhh...
d'un lecteur attentionné ? double waouhhh !
Fab-Fab m'a fait peur : il a dit que c'était une menace "d'enlevage de favoris".. sans vouloir rapporter.. *sifflote un chant de Naouelle..*
(plus sérieusement : je promets un post d'ici la fin de la semaine, sous réserve que la maladie me lâche un peu..)
@ Fab-Fab : tu as vu, j'ai Yibus à mes pieds : c'était une supplique, tra lala !
et je compatis pour l'optimisation des 20 ans. le temps passe trop vite.
@ homeo : attention c'est du lourd tendance Grosses têtes mâtiné de Djian dernière période... "C'est un garçon et les agents secrets du cinéma ne fourrent que les filles".
@ fab-fab : je dis "yep" et si il y a de la neige, c'est bien mieux encore. Et en plus j'aurai accouché du deuxième tome des Saintes
écritures.
@ c'est Alice : un des avantages de Washington, je trouve, c'est le ciel bleu, disons 85% du temps, même en hiver.
@ Ariana : attends, quand on va se voir, tu auras un sérieux motif de déprime !!
@ Marie : et personne ne m'a proposé de m'offrir un nouveau petit livre rouge non plus. Dingue ça !! Pour échange, j'offre la collection complète des oeuvres d'Aragon et les discours de Momo Thorez... (c'est pour de faux, hein !!)
@ Pyrrha-na : maladie, lâche ce coeur de la très sainte et très pieuse blogueuse Pyrrha-na. Ce n'est pas parce qu'elle fait des jeux de mots pourris appréciés jusque outre Atlantique que tu dois indéfiniment te nicher en elle... °chant de Pâques hurlé par des choeurs russes°
jeux de mots pourris, bah merci ! j'prends pas la mouche, mais pas loin. le moucheron peut-être ?
ok, finalement, jeux de mots pourris, ça me va.
dis, quand tu auras accouché, tu nous enverras un faire-part avec son nom dessus ?
oui je sais je reviens en arrière mais je n'ai pas compris ça :
"@ homeo : attention c'est du lourd tendance Grosses têtes mâtiné de Djian dernière période... "C'est un garçon et les agents secrets du cinéma ne fourrent que les filles".
non parce qu'en fait on t'a pas prévenu mais je suis nouille à un point , parfois je comprends rien et parfois j'ai des éclairs de génie , et là en ce moment il fiat super beau ....
@ homeo : (y'a rien de pire que d'essayer d'expliquer une vanne vaseuse.. bon, allons-y).
"Le poulet, on ne peut pas le gaver parce que c'est un garçon et que..."
(bon, là, je me rends compte que c'est un peu obscur cette formule, que ça mélange au moins trois trucs différents... Bref, il vaut mieux oublie).
Ah non j'oublie je suis morte de rire!!! :) :) :)
Yo le Yibus ! merci pour ton commentaire. Pour te répondre, je suis corrézienne originaire de Tulle, le pays de la dentelle et de l'accordéon. Tu connais un peu ?
Sinon, encore un excellent article qui m'était passé sous le nez.
si je connais Tulle ?? Sa vie, son oeuvre, sa fabrique d'accordéon Mangin (ou gein), son école de formation gendarmerie, tout en haut de la colline, la formidable pizzéria près de l'église, la librairie pas moins (où j'achetais Henry james en collection Bouquins), Tulle, une course de 15km un soir de septembre, Giat qui se mourrait, et la rivière qui coule toujours en son centre...
j'y ai fait un séjour à la locale de La Montagne et chaque année, de mes 1 à 19 ans, la Corrèze (versant Saint-Privat et Tours de Merle) fut une destination estivale.
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