mercredi 15 octobre 2008

Dans la peau de John McCain

D'accord, à la fin du dernier débat, j’avais refusé de serrer la main du sénateur Obama. Là, je vais lui montrer, au jeunot, ce qu'il vaut le vieux John.

Il est 21h : je lui serre longuement la main. Et maintenant, en route, petit. Ils te donnent une avance de dix à quatorze points dans les sondages. Mais tu ne connais pas John… Tu vas voir, ce soir, tu vas souffrir. C'est un ancien du Vietnam qui te le dit.

J’ai une petite pensée pour Nancy Reagan, la femme de mon héros qui s’est fracturé le bassin chez elle. Ça rassure la base conservatrice.

Première question sur la crise financière : je propose de racheter les maisons saisies.
Je regarde les courbes de popularité des électeurs indécis de l'Ohio, un Etat que je dois absolument gagner. Je n'écoute pas ce qu'il dit. Encore une fois, les femmes sont séduites par le jeunot.

Je raconte que j’ai rencontré Joe le plombier qui travaille douze heures par jour. Je m’adresse à lui en lui promettant de baisser ses impôts.
Vous voulez augmenter les impôts de Joe le plombier, hein, sénateur Obama?
J'ai réussi mon coup, je l’ai ramené aux impôts.

Comme c'est drôle ! Tiens, Obama a aussi eu une conversation avec Joe le plombier… il parle aussi des infirmières.
Ce n’est plus "Joe six packs", l’homme de la rue, c’est Joe le plombier.
Je répète bien qu’il faut créer des emplois.

Question : avec la crise, faudra-t-il renoncer à certaines promesses ?
Eh oh, je ne vais pas commencer à être négatif... Allez, je ne réponds pas à la question. Je parle de l’augmentation du prix des maisons, de l’indépendance énergétique.

9h20 : j’en ai marre à la fin qu’il me ramène à la politique de Bush en me serinant que je l'ai toujours approuvée. Je lui dis qu’il se trompe d’époque. Je ne suis pas George W Bush. Compris ? Ah, je n’avais pas pu le placer dans les deux autres débats. Et toc.
Il remet ça. Il n'a pas compris, non. Ah mais c’est qu’il m’énerve avec son retour à Bush. Je le répète. Je veux changer d’époque.

La campagne a été très dure, oui, je le regrette.
Mais quand même, j’ai été accusé d’être comme ce raciste de Wallace des années 60. Et ça, ça fait mal.
Je dis que j’ai été touché au cœur. Un petit moment d’émotion passe. C'est venu comme ça, pas de contrôle là-dessus, on est des hommes, quoi !
Le jeunot m’accuse d’avoir fait des publicités 100% négatives. Et je répète que ce garçon a dépensé le plus gros paquet d’argent en pubs négatives de toute l’histoire des présidentielles.

DÉPENSÉ. Ça doit faire vingt fois que je le répète, ce mot. Mon refrain de la soirée. Si après ça, les électeurs ne comprennent pas que démocrates = dépenses, je ne vois plus quoi faire.

J’attaque, j’attaque… Il veut reparler de politique de santé, je le renvoie aux propos de ses supporters. Je dis que j’ai répudié ceux qui ne parlaient pas bien de lui.
Silence. Il est gêné là-dessus. Il est obligé de se défendre… Il est dans les cordes… Je souris, tranquille...
Au moins, tant qu’on parle de cela, on ne parle pas d’économie, pas obligé de donner des exemples. Alors, je fais durer la conversation.

Bon, la question qui tue… En quoi mon vice-président est meilleur que le sien ?
Il parle de Joe Biden, des ses qualités... Moi, je suis dans mon élément, là... Je parle de Sarah, un modèle pour les femmes. Elle a vaincu la corruption, elle est une réformatrice. C’est une bouffée d’air frais. Et puis, elle comprend les besoins des familles avec des enfants handicapés.

Obama doit parler de Sarah... En bien. Je lui souhaite du courage. Après ce qu'ils lui ont fait subir, les journaux et les émissions de l'élite de la côte Est. Il dit qu’elle est qualifiée. On me voit sur l'écran, je ne rigole plus du tout. Ah mais, tu vas te taire. C’est moi qui parle d’elle, c’est tout.

A mon tour de parler de "Joe-Biden-le-gaffeur". D'accord, il est qualifié mais il a eu presque tout faux en politique étrangère. Je le dis, j'insiste. Bon, allez, question suivante, on va arrêter de se passer la brosse à reluire.

Je ne me rappelle plus la question mais j'en remets une couche sur le fait de tout dépenser, de toujours dépenser.

21h54 : Il est extraordinaire, cet Obama. Il parle du libre-échange. Il dit qu’on doit faire les choses demain. Mais c’est aujourd’hui qu’il faut les faire.
Je lui conseille d’aller voir en Colombie pour se rendre compte que le libre-échange avec ce pays, sous l'emprise des cartels de la drogue, c'est impossible. On ne peut pas faire d’affaires avec lui. Pfouh, je lui conseille d'aller voir sur place puisqu'il n’y est jamais allé.

Bien vu, la pique sur les voyages. Vu qu'il est trop poli pour me dire que Sarah a son passeport depuis seulement un an et qu’elle n’est allée que dans un seul pays étranger.

Question sur le système de santé : il donne un petit exemple. Allez, vas-y, voilà qu'il a rencontré deux femmes. Il s’adresse à la caméra et fait son numéro de pédagogie. Il veut vendre le fait que tout le monde puisse avoir une assurance.
Eh tiens, pourquoi je ne ferais pas comme lui ? Il m'a piqué mon Joe le plombier tout à l'heure. Je ne vais pas me laisser faire.
Les yeux droit dans la caméra, je m’adresse aussi à Joe. Je dis qu’Obama va faire exploser la bureaucratie.
Mais c'est pas possible, il me cherche ou quoi. Il parle aussi à Joe. J’en reste bouche bée. Il dit que Joe paiera zéro dollar de plus pour son assurance maladie, que ce seront les gros qui paieront.

Alors là, mon garçon, tu vas sentir ta douleur. Je lui dis, à la caméra : "Eh Joe, tu es riche. Bravo. Il t’obligera à prendre une assurance, sinon, tu paieras une amende. "
Et j'insiste bien : je leur donne une chance de choisir leur propre avenir. Ce n’est pas au gouvernement de le faire. Je te donne l’argent, Joe. Il y a trop de gouvernement, trop de dépenses.

Question sur l’avortement. Obama dit qu’on a des positions différentes.
Il embraye sur l'éducation sexuelle, importante, il dit qu'on peut se mettre d’accord. Bien sûr qu'on doit travailler ensemble. Il croit quoi, lui, moi j’ai adopté un enfant. Et je le dis. Je connais les problèmes. Qu’il arrête de se placer comme le gars au-dessus de la mêlée. Comme le président !

C'est l'heure de la conclusion : là, je suis à l'aise, j'ai bien bossé ce soir. Je commence par mon classique « my friends ».
Je leur dis qu’on a besoin d’une nouvelle direction. Je mets la main tout près du cœur. J'y crois vraiment. Je dis que j’ai toujours mis mon pays en premier, que j’espère encore le servir, avec honneur.
Obama dit qu’on doit investir dans les Américains, réduire les impôts de la classe moyenne. Il dit que ce ne sera pas facile, pas rapide. Il faut que tous les Américains travaillent.

On se lève et je lui serre la main avec un tonitruant : « good job ». J’ai été bon, suffisamment agressif. Tu n'es pas enterré, vieux John. Tu peux encore servir.


Le débat vu du côté Obama, c'est .

Les agacements de McCain (rebaptisé McAngry), c'est ici.


Et la chanson du jour : après "Joe le plombier", "Joe le taxi" Vanessa Paradis.


16 commentaires:

nathinphoenix a dit…

Excellentissime !.. Chapeau Mr Yibus.

Elo a dit…

Moi qui n'ai pas pu suivre le débat, j'adore!!!
C'est vraiment excellent!
Merci.

Anonyme a dit…

Ah oui, applause ! J'ai beaucoup aimé !

Ashley a dit…

Génial, merci franchement c'est excellent

Homéo a dit…

Merci Yibus pour ce compte rendu partiel, je cours lire l'autre partie sur le lien fourni.
Oui parce que je m'étais installée confortablement sur le canapé, une petite couverture pour réchauffer l'atmosphère , et pfffff je me suis arrêtée à joe le plombier!
J'ai trouvé le plus puissant somnifère : "le débat politique américain". Moi qui ne m'endort jamais devant la TV, 2 fois en peu de temps et tjrs dans les mêmes conditions, je crois qu'il le font exprès (en fait surtout Mc Cain !) pour endormir les masses.

Yibus a dit…

@ nathinPhoenix : merci bien (il faut dire que es enfants étaient au lit à 21h, j'ai donc eu tout mon temps en sirotant un coca)

@ Elo : merci bien. C'était intéressant de voir ces attaques de McCain détournées par Obama qui jouait très bien en fond de court...

@ plume vive : thank you (je mets du temps à répondre à tes tags, je suis gêné pour choisir des sites, j'ai plutôt envie de te faire une lettre ouverte, un truc comme ça...)

@ ashley : oh, très touché... je me suis bien amusé à le faire...

@ homéo : vite, vite d'autres débats après l'élection pour que tu puisses dormir... Mais je pense que tu seras bien éveillée le 4 novembre prochain...

Adeline C. a dit…

Tres sympa cette vue de Mc Cain!
Merci!

Paris 19 a dit…

Faut que t'arrête de boire du coca c'est pas bon pour ta santé. Les débat on peu aussi les enfiler...

Mary a dit…

Superbe portrait tres realiste, Yibus. On retrouve bien le cote petit vieux teigneux qu'il avait hier au soir et le rythme de la soiree est la aussi! Bravo!

Mary a dit…

Superbe portrait tres realiste, Yibus. On retrouve bien le cote petit vieux teigneux qu'il avait hier au soir et le rythme de la soiree est la aussi! Bravo!

Ariana Lamento a dit…

Bravo à vous deux, c'est très bien vu, on devrait ne voir les débats qu'à travers vos yeux et votre humour (je te vouvoie pas, je parle aussi à Nath)
tiens, un bisou, pour la peine!

Yibus a dit…

@ adeline : merci... Je dois avouer que j'avais demandé à Nathalie McCain car je le sentais mieux... Je ne sais pas ce que j'aurais pu dire d'Obama...

@ paris 19 : comme les perles ou les mouches (interdit aux moins de 18 ans) ?
Pour le coca, c'est mal barré...

@ mary : merci bien... Et c'était son meilleur débat, je trouve. Sauf qu'Obama est resté d'un calme olympien (c'est terrible, quand on est en face).

@ ariana : merci beaucoup... Je trouve aussi que nous devrions être -grassement- rémunérés pour ce travail éreintant.
(thanks pour le bisou... C'est quand le prochain débat ??? Ah ? Y'en a plus ?)

COCO a dit…

Pourquoi y a-t-il toujours un plombier dans les campagnes électorales . Aux USA c'est Joe , en france on a eu le plombier polonais .
Nos dirigeants doivent avoir de sacrés problèmes de tuyauterie .
Oh ! c'est surement pour éviter les ennuis des toilettes US ,(rappel d'un ancien billet)
Bye bye .

Phoebe a dit…

Super pour les ceux et celles qui ne suivent même pas ce qui se passe dans leur propre pays, merci ! :-)

Yibus a dit…

@ coco : enfin, là , le feux plombier (il n'a pas de carte de boulot) soi-disant indépendant (il est républicain) est un tuyau un peu percé pour MCCain. Mais c'était bien tenté.

@ Sixtine : je te préviens illico presto quand Obama sera élu vers le 5 novembre.

C'est Alice ! a dit…

Quel talent Monsieur Yibus ! Une reconversion en critique politique peut-être ?
Et merci pour la touche de Paradis à la fin ... raffraichissant !