samedi 2 janvier 2010

Alabama song


Il y a des moments comme ça...
Le meilleur ami de notre formidable voisine lui prête un bouquin, elle nous le passe dans la foulée après lecture... Deux semaines plus tard, nous l'achevons, par un fort soupir pour ma part.

Cet "Alabama song" de Gilles Leroy est un excellent bouquin où l'auteur entre dans la tête de Zelda, femme de Francis Scott Fitzgerald et danseuse, peintre et accessoirement un très bon écrivain, laissé dans les oubliettes de l'histoire par les thuriféraires de son mari.

Dans l'épilogue de son livre, Leroy évoque un minuscule musée consacré au couple à Montgomery (Alabama), la ville dont Zelda est originaire.

Si madame avait repéré l'existence de ce musée sur Internet et inscrit sur notre agenda de visites, ce fut une tout autre paire de manches que de le dégotter. Rarement ville nous aura paru aussi fantômatique que Montgomery, capitale de l'Alabama, en ce samedi 2 janvier à 11h du matin.

Après pas mal de pérégrinations, nous débarquons enfin dans un quartier aux demeures plus splendides les unes que les autres. Et nous y voilà.


C'est la maison où le couple glamour, instable et maudit de la littérature américaine des années 20 vécut durant six mois de l'année 1931. On pousse la porte, on a l'impression d'entrer chez des gens à l'improviste. Un bonhomme débarque de ce qui semble être une cuisine, c'est le conservateur. On avait oublié de sonner à la porte.

Ce gaillard d'une cinquantaine d'années d'origine irlandaise (et spécialiste de l'armée française durant la révolution américaine) nous explique que deux pièces ont été aménagées pour accueillir le public. La salle à manger où sont présentées plusieurs éditions originales des livres de Scott en différentes langues...


... Et une petite pièce intermédiaire où sont exposés des tableaux de Zelda... Ils représentent des couples nus enlacés, semblant danser ou bien se raccrocher l'un à l'autre...

Notre conservateur vit dans les autres pièces du rez-de-chaussée dont la "sunroom".


J'ai oublié de lui demander quel effet ça faisait de regarder la télé à côté des Fitzgerald...

L'association qui gère la maison ne reçoit aucun fonds et vit sur les dons des visiteurs, une dizaine par jour. Le conservateur nous raconte aussi que la plupart des personnes ont pris leur parti : les pro-Zelda voient en elle une féministe avant l'heure...


Et les pro-Scott considèrent que cette femme schizophrène (enfin, c'était le diagnostic de l'époque) a contrarié le talent de son mari...


Comme notre conservateur, je reste neutre dans l'affaire. Dans la passion, il n'y a pas de faits, que des sentiments. Il lui a piqué des passages de son journal intime pour colorier ses héroïnes, elle a raconté leur vie dans ses nouvelles. Et puis, il y avait ce bon vieil Ernest (Hemingway), alors jeune écrivain à Paris, jamais en retard d'une beuverie qui s'intercalait entre les deux...

Et nous repartons après un dernier regard sur l'écriture de Zelda.


Encore une quinzaine d'heures de voiture avant les frimas de Washington. J'ai cet air qui repasse dans la tête.


La liste "des choses désagréables dans les motels"
- Les tableaux qui sont identiques au-dessus des deux lits doubles.
- Le chauffage qui fait un bruit infernal.
- Les serviettes toujours trop petites.

(Maintenant, à vous de jouer)

12 commentaires:

JJ a dit…

tu nous as fait rêver,la Louisiane, quelle aventures;
Bonne et heureuse année 2010 à vous deux et à vos chers lutins malicieux.

JJ a dit…

Oh la fote lire Quelles

Woodchuck a dit…

Beau voyage Yibus, ca me donne des idees !
Bon retour et bonne annee a tous !
A bientot

Unknown a dit…

Première fois que l'on vous fait un commentaire, malgré une lecture régulière de note part.... Louisiane de nos rêves ! Neige de nos régions... presque comme à Gérardmer, mais un peu plus quand même !! Bonne année à vous tous, bisous aux petits et aux grands, pensez à nous en ce début d'année... bien fort svp ! on vous racontera.
Maurer & Co

ariana lamento a dit…

alors moi je suis totalement pro-Zelda. Ce livre, dévoré lors même de mon emménagement en Alabama, m'a donc fait relire tout Francis, grand écrivain a n'en pas douter, mais grâce a qui?

Phoebe a dit…

Je trouve que découvrir l'écriture des gens est très émouvant ...

Montana a dit…

Eh oui, en Alabama, de grands auteurs connus et moins connus, y ont vue le jour ou vécu. Alors fidèle à mon domaine de prédilection que tu as déjà su deviner, voici une belle chanson à propos du grand Hank Williams, un célèbre natif d'Alabama, enterré à Montgomery, sans qui le country moderne et le rock'n'roll n'auraient pas existé :

http://www.youtube.com/watch?v=rIE4py2bowA

Autre chose désagréable dans les motels (selon du vécu) :

- Des mecs bourrés qui frappent à ta porte en pleine nuit alors qu'ils se sont gourés de chambre
- Les toilettes qui ne se vident pas et que le personnel que tu as averti ne vient pas réparer
- La connexion internet que tu paies en supplément pour un résultat ultra médiocre (motel 6)
- Le boucan tardif de cars entiers de clients sortant du rassemblement d'une congrégation au stade de football de la ville, entre les chants chrétiens et les gamins qui courent en tous sens

Montana a dit…

Nouveau lien (le précédent est incomplet) :

http://www.youtube.com/watch?v=O0V6aKQwBD0

Homéo a dit…

voilà j'ajoute à ma liste de livres à lire en 2010 .... à la lecture de wikipedia je dirai pro-zelda moi aussi !!
bien rentré ? pas trop perdu en chemin ?

Yibus a dit…

@ JJ : on vous conseille vraiment d'aller en Louisiane (une semaine autour et dans la Nouvelle-Orléans après passage à DC, of course...). Evitez juste l'hiver !

@ Woodchuck : hi man du costco... C'était bien biau, en effet, frigorifique et pas prolifique en animaux...

Attention, le chiffre magique est 3200... Comme les miles, cad 4800 kilomètres en dix jours. Je sais, ça fait rêver, c'est le prix du bonheur.

@ Céline : ah, quel teasing... Dîtes-nous en plus (si c'est un départ ailleurs qu'à Paris et une vente consécutive de votre appart'... On est sur les rangs... eheh).

@ Ariana : oui, éternelle question, j'avais lu tout Fitzegarld vers les 19 ans (quatre ou cinq bouquins, une paille) puis, dans la foulée, le livre de Zelda... Ce qui m'a le plus ému lors de la visite de ce musée, c'est de voir ce conservateur passionné, là, en tee-shirt, nous accueillir et constater qu'il y a (bien sûr) des écrivains dont l'aura est largement supérieure à d'autres... Donc les fonds nécessaires pour leur musée personnel (suivez mon regard vers la maison d'hemingway)... Je crois que Montgomery n'a jamais pardonné la mésalliance de Zelda avec un yankee catholique.

@ Phoebe : comme toi...

@ Montana : on a mangé dans un petit restau chinois de Montgomery tout à côté du musée consacré à Hank Williams (que je ne connaissais pas).

@ Homéo : très bien rentré, la route s'est faite toute seule... Bon, maintenant, Washington, le retour...

Marie a dit…

Bon retour alors... et happy 2010! Et pour les motels, je déteste leurs baignoires, toujours la même taille pour schtroumpfs avec entorse aux cervicales assurée, et je suis complètement solidaire de ta dénonciation des serviettes trop petites et jamais assez nombreuses.

Yibus a dit…

@ Marie : eh eh, on devrait faire un "hate group anti little showels in motels" sur Facebook (sauf que j'ai pas Facebook).