Chère Anne, (tu permets que je t'appelle Anne, on est voisins maintenant)
Ça fait longtemps que je voulais te contacter. Mais bon, je préférais, dans un premier temps, te laisser faire ton trou avec Dominique. Tu t'es installée à Washington DC depuis qu'il a été nommé directeur général du FMI.
Maintenant que j'ai lu ce que tu dis dans le Figaro du 10 avril dernier et après avoir entendu tes propos sur RTL le 8 mai, j'ose enfin t'écrire. Ca n'a pas été sans hésitation.
Avant, tu m'impressionnais drôlement. Sciences-Po, journaliste vedette sur la Une, tu illuminais les dimanche soir de tes yeux bleu azur (ou marine, je ne sais plus) et tu réchauffais le blues du dimanche soir avec tes pulls en mohair.
7 sur 7, c'était le rendez-vous politique de mes parents, celui où, je crois, Delors avait annoncé qu'il ne se présentait pas à la présidentielle.
Et te revoilà, à quelques yards de moi. Avec les mêmes soucis que moi. Tu le dis toi-même : ce qui est dur, "c'est quitter son pays, ses amis (...), tout ça, c'est un peu difficile. Vu de la France, on croit que tout est facile aux États-Unis (...) Or, depuis le 11 septembre, la société s'est bureaucratisée, beaucoup de paperasses, beaucoup de tracas administratifs..." (RTL)
Je suis bien d'accord avec toi. Une fois, on a attendu l'employé du gaz de 8h à 17h... Il a posé un mot à 16h45. On a dû rappeler pour qu'il vienne.
Et puis, Georgetown, où vous avez acheté "une maison en briques rouges" (Le Figaro) que vous agrandissez pour accueillir vos six enfants, ça a beau être le coin le plus chicos de Washington, ce n'est pas le paradis pour autant.
Pas plus tard que ce matin, on est allé petit-déjeuner au Pain Quotidien et on a dû aller dans un parking souterrain tellement il n'y avait plus de place dans les rues... Et bien, on est resté une heure et trois minutes... Boum, 17 dollars.
Oh, je me plains, je gémis, mais ce n'est rien à côté de toi. En avril dernier, en attendant de passer ton permis de conduire et d'avoir le sticker des résidents, tu devais "changer la voiture de place toutes les deux heures."
C'est sans doute pour cela que le Figaro écrit que toi et Dominique, vous gardez vos distances avec les mondanités. Je vous imagine en train de faire des dîners-sandwichs à côté de la voiture qu'il faut bouger.
Mais rassure-toi, le vélib' version US va bientôt débarquer à Washington. Oh, je voudrais pas parler politique... Ça aurait quand même de la gueule de te voir toi et Dominique en vélo... Ça en boucherait un coin à Bertrand le parisien.
En revanche, si tu me permets une petite remarque, je suis un peu inquiet pour votre intégration. Le Figaro dit que Dominique "ne s'est pas converti au rite du barbecue le week-end." Ok, Dominique est en voyage 150 jours par an, d'accord, mais pas question de renoncer à vous faire des copains.
Je te propose de me laisser un commentaire pour qu'on se fasse une bonne viande grillée un de ces jours... Avec une bière bien fraîche. Ça te détendrait et on pourrait se regarder un match de football américain.
Ah oui, j'oubliais, un dernier truc ! J'ai lu, toujours dans le Figaro, que tu étais "aux prises avec des plombiers pas toujours au sommet de leur art"... Et là, j'ai pensé très très fort à toi.
Ta pudeur naturelle t'honore mais j'ai bien lu entre les lignes... Toi aussi, tu as des problèmes de
wawas.
N'hésites pas, passe un coup de fil, je te prêterai ma super-ventouse, celle qui est bleue avec un manche transparent.
Allez, le hug à Dominique, keep in touch et on se fait un barbecue un de ces jours, promis ?
Pour mémoire, un hors-antenne lors d'une émission de 1987 avec le Comte de Paris (à 3 minutes, une croquignolesque séquence sur Charles Pasqua)