
Aux Etats-Unis, on ne badine pas avec le "first amendment" qui garantit la liberté d'expression de chacun. Même quand il doit remettre à sa place un autre fondement de l'Amérique, le divin drapeau.
Exemple avec cette histoire intervenue en janvier dernier dans une école du Maryland, l'Etat collé à Washington DC.
Comme chaque matin, les élèves récitent, la main sur le coeur, le "Pledge of allegiance" qu'on pourrait traduire par l'hommage au drapeau :
"J'engage ma fidélité au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la République qu'il réprésente, une nation sous Dieu, indivisible, avec liberté et justice pour tous".
Tous se sont levés et prononcent la phrase rituelle. Tous ? Non, une ado reste assise. Aussitôt, la maîtresse voit rouge et demande à la récalcitrante de bien vouloir se mettre debout. Refus. Pourquoi donc ? Pas de réponse. Elle la menace de la virer de sa classe. L'élève se tait.
La maîtresse appelle alors un agent de sécurité qui escorte la fille vers le bureau du proviseur. Elle subira les moqueries de ses copains le reste de la journée. La scène se répète à l'identique le lendemain.
Quelques jours plus tard, les parents engagent un avocat et menacent de porter plainte pour discrimination faite à leur fille. On apprend aujourd'hui par le Washington Post que l'école a reconnu l'erreur de l'enseignante et leur a fait des excuses publiques.
En effet, tout un arsenal juridique protège la récalcitrante. La Cour Suprême a statué en 1943 sur le fait que les étudiants ne sont pas obligés de saluer le drapeau. L'Etat du Maryland précise que tout étudiant ou professeur peut refuser de participer à la cérémonie quotidienne. Jusqu'au manuel scolaire du Montgomery County ajoutant que personne ne pourra vous embêter si vous choisissez de ne pas participer au rituel.
Morale de l'histoire : une erreur a été faite et elle a été rectifiée fissa. Bravo. L'école a même consacré une heure dans chaque classe pour expliquer les tenants et aboutissants de cette affaire.
Morale (bis) de l'histoire : vous avez le droit de ne pas rentrer dans le rang. Vous êtes aussi protégé des moqueries des autres. En droit. Bonne chance tout de même pour vous coltiner les copains ou collègues (ou les voisins lorsqu'on joue l'hymne avant le match).
Morale (ter) de l'histoire : même si l'élève ne participe pas au "Pledge of allegiance", il a des tas d'occasions de profiter de leçons sur la grandeur de l'Amérique. La fille du bon ami, scolarisée dans une école américaine, a ainsi pu entendre vanter "les gens qui ont tellement de chance de vivre aux Etats-Unis, ce pays de bonnes personnes".
Et la liste des "toi-aussi-joue-un-peu-avec-les-drapeaux".
- J'ai appris à couper les tartes en trois avec mes parents qui me citaient à chaque fois l'exemple de feu le drapeau yougoslave.
- Le drapeau suisse ; la croix rouge sur fond blanc ou l'inverse (je sais que pour le Japon, le rong est rouge) ?
- Combien de drapeaux ont les couleurs (et seulement elles ?) bleu, blanc et rouge ?
Et c'est ainsi que le drapeau américain est grand.